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Si Zarur - Partie 2

  • Redha Houhou
  • 20 janv.
  • 3 min de lecture

Personnages

Décors:

Une salle de classe dans une école d'enseignement privé ou I'on voit un seul élève qui tourne le dos au public. Dans un coin, le bureau de l'instituteur, sur lequel se trouvent quelques instruments, un encrier et des porte-plume. Accroché au mur, un tableau porte cette inscription : (Ne réussit dans la vie que l'homme honnête).

À droite du bureau, un tableau. L'instituteur fait une leçon.


ZARUR 

Nous disions mon enfant : Le soleil s'est levé. Le... soleil . . . C'est-a-dire... Le... soleil. Avons-nous compris ? 

(Entre Arfi) 

ARFI 

Bonjour maître. 

GANNAM 

(Entrant également). Je vous salue. Maître Zarur ; le concierge m'a remis le billet que vous m'avez laissé chez lui et me voici à votre service. Quoi de neuf ? 

ZARUR  

Mon cher collègue. Vous êtes notre doyen. Votre classeest très disciplinée. J'ai un problème et j'aurais besoin de les vos conseils. 

GANNAM 

J'en suis flatté. Allez-y, je vous écoute. 

ARFI 

Je vous laisse donc je suis peut-être de trop 

ZARUR  

Non, non, il n’y a pas de secret. Restez. (à Gannam) Frère Gannam, j'ai dans ma classe un élevé qui fait jouer pendant la leçon une musique sur une note monotone : Ding dong, ding dong. 

GANNAM 

(Riant). Bon, et après. Comment vous avez réagi ? 

ZARUR  

J'ai tout fait. J'ai tout essayé, mais en vain. Ni les conseilsni les avertissements, ni la menace de châtiment corporel : ne furent d'aucune utilité.  La surveillance, la colère, les cris restent aussi sans efficacité.  Je suis sûr que cette maudite note ding ! dong ! se fera entendre tout a l’heure, dès le commencement de la leçon, ce qui naturellement me déprécie auprès des élèves et me jette dans la perplexité. Je ne sais plus quoi faire ! 

 

ARFI  

En effet, c'est un problème sans aucun doute. 

GANNAM 

Jamais, jamais ! Il n'y a là aucun problème. Vous devez savoir que la musique émanant des élèves pendant les heures d'études est chose naturelle.

Pour y parvenir ils emploient plusieurs moyens. Une plume bien plantée dans un pupitre, ou bien un élastique bien tendu à l'intérieur du casier, et d'autres fois un de ces petits jouets bien connus. Ainsi moi, chaque fois que j'entends pareille chose je mets l'élève Djamal Al-dine à la porte. 

ARFI 

Mais comment faites-vous pour savoir que c'est lui, quant au fait de le mettre dehors, c'est chose facile. 

GANNAM 

Je ne vous dis pas que je l'ai surpris en flagrant délit, ni que c'est lui le coupable. Il se pourrait que le coupable soit un autre, mais c'est toujours lui qui est puni 

ZARUR 

Pourquoi le punir alors que vous n'êtes pas certain que ce soit bien lui le coupable ? 

GANNAM 

La chose est très simple.  Son visage me donne l'impression que c'est lui.

Il présente l'image du dérangement causé par la musique.    

ZARUR 

De quel droit choisissez-vous cet élève pour le punir plutôt qu’un autre ?! 

GANNAM 

Pardon mon ami. 

L'élève Djamal Al-dine est puni seulement quand le désordre en classe est causé par la musique. Mais s’il est causé par le lancement de pierres, c’est l’élève Halad qui doit en répondre.  

Si je trouve le tuyau du poêle bouché avec des papiers, je punis Mahmoud. Et c’est à Khaled que la punition est infligée s'il m’arrive  de trouver de la colle sur mon siège. Et c'est ainsi que chaque élève est jugé selon l'expression de son visage. 

ZARUR  

C'est un jugement bizarre. 

GANNAM 

Sans aucun doute. Chacun a sa responsabilité dans la vie. 

Ainsi, l’élève dont la physionomie dit qu'il est prédisposé à lancer des pierres doit répondre au fait s'il venait à se produire, et il arrive rarement que le coupable soit un autre. 

ZARUR  

Et si le coupable est quelqu'un d'autre, vous aurez dans ce cas puni injustement un innocent.  

GANNAM 

Ce serait alors une erreur judiciaire qui ajouterait à mon prestige aux yeux des élèves Car celui qui veut régner en maître sur les élèves et sur les hommes également, doit se montrer injuste de temps à autre, parce que l'injustice assure le pouvoir. 

ZARUR 

Mais avez-vous songé à la situation et à l'état d'âme de cet élève victime de votre injustice ? 

GANNAM 

J'y, ai songé et j'ai trouvé que cela lui donne une 1eçon et le prépare à la vie qui est entièrement faite d'injustice. II doit donc s’y exercer dès maintenant. 

ARFI 

Ne seriez-vous pas d'avis que l'homme doit chercher le vrai coupable pour le châtier ? 

GANNAM 

L'homme doit plutôt choisir le coupable au lieu de le chercher puisque c'est à la mine de chacun qu'on doit se référer en pareil cas ; telle est la vie. Ainsi nous trois ne serions pas dans cette misère si nos visages n'en portaient pas le signe. 

UN ÉLÈVE (du dehors) 

Ô Gannam, mangeur d'oeufs. Ô Gannam, mangeur d'oeufs. 

GANNAM        

Vous voyez ces diables ! Attendez un peu ! Continuez à parler je vais m'en saisir. (Il se dirige vers la porte et attrape l'élève). Allons chez le directeur, petit diable ! 

L’ÉLÈVE 

Ce n'est pas moi, monsieur. Je vous jure que ce n'est pas moi 

GANNAM 

J'ai dit, chez le directeur, pour te corriger. Tu te moques de moi. Les œufs sont-ils à ma portée pour que j'en mange ? 

ARFI  

Et voilà le résultat ! Qui sème l'injustice récolte le mal. 

NAGIA 

(Entrant) MaÎtre Zarur, voulez-vous me prêter votre mappemonde ? s'il vous plait. 

...

Ahmed Redha HOUHOU

Extraits de "L'honorable Conseiller" - Adaptation de "Topaze" de Marcel Pagnol

Traduit de l'arabe par Ahmed MENOUR

Publication de l'Union des Écrivains Algériens


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